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les ecrits d'un être merveilleux parti trop tôt!
18 avril 2006

Hopital (suite)

Une infirmière vient me chercher. - Votre Chambre est prête Monsieur Babin. Suivez-moi, je vous y conduis pour que vous y rangiez vos affaires. Je récupère mes sacs qui ont été rangés n’importe comment et la suis. Je suis à la chambre dix-neuf, celle juste à côté de l’ascenseur et des escaliers. On aurait pu faire mieux, mais je ne suis pas à l’hôtel non plus. - installez vite vos affaires dans le placard car à cette heure-ci les chambres sont fermées, vous devez aller en bas dans la salle commune. Je m’exécute. Mes sacs sont entreposés à la va-vite dans le placard dont je ferme la porte à clef et la mets dans ma poche puis redescends. Je me réinstalle sur mon fauteuil de la salle fumeur. Une bonne partie des autres malades dort, hormis un mec en fauteuil roulant qui gueule après les infirmières. Il veut téléphoner à sa sœur qui habite dans la centre des Landes pour qu’elle lui apporte du tabac mais elles refusent. Elles sont enfermées dans leur bureau et comptent bien y rester. Je me réinstalle dans mon fauteuil, me roule une cigarette avec ma rouleuse. Je ne sais pas rouler à la main, ce qui provoque l’hilarité des autres malades (ceux qui ne dorment pas). Je me prends un cendrier dans l’espoir de pouvoir me la fumer tranquille puisque skyrock a été éteinte. Je me prends soudainement un coup de bouteille en plastique sur la tête par une fille qui vient de se réveiller. - Ici c’est mon fauteuil, c’est compris. Je me retiens de lui en coller une puis me ravise. Inutile d’aggraver mon cas. Je lui cède le siège pour m’installer sur une chaise bien moins confortable. Un autre gars arrive, lui revendique le siège. Elle se lève et fait mine de lui donner un coup de pied dans la gueule. Je reste tranquille dans mon siège ; pas envie de me mêler à cela. Le gars se rebiffe : - Laurence, s’il te plaît, laisse-moi le fauteuil. Il a plus de quarante ans mais parle comme un gamin de cinq. Il se prend à son tour un coup de bouteille dans la figure. Le mec s’approche de lui : - Christian tu lui fous la paix, tu dégages de-là ! - mais je veux juste m’asseoir dans le fauteuil cinq minutes. Je suis fatigué. Le ton monte : - Dégage, j’te dis ou j’t’en colle une magistrale ! Les infirmières, alertées par le bruit arrivent sur ces entre-faits et séparent tant qu’elles le peuvent les combattants. - Monsieur Daniel, allez faire un tour puisque vous y êtes autorisé. J’apprends que le type en fauteuil s’appelle Jean-Pierre. Un gros infirmier vient lui faire un piqûre intramusculaire. L’effet est rapide. Il redevient tout calme. Au loin, se fait entendre une grosse voix : - A table ! Tout le monde se dirige vers la salle des repas. Je suis nouveau. Toutes les places sont prises. On m’installe entre deux petits vieux. Une femme dénommée Lydia refuse de s’alimenter. Les infirmières la forcent tant qu’elles le peuvent. Juste à côté, une mamie vomit l’intégralité de son repas dans son assiette. C’en est fini de mon appétit. Je m’éloigne et compte me diriger vers la salle fumeur m’en griller une avant que je ne me fasse reprendre. - Monsieur Babin où allez-vous ? - J’ai fini de manger, je vais fumer - Et bien ça ne se passe pas comme ça ici. Vous attendrez que l’on vous ai donné les médicaments à la fin du repas. Je ne dis rien et j’attends. Entre temps, untel ne veut pas des épinards et balance son assiette par terre, telle autre qui n’a pas de carafe d’eau sur sa table balance son verre à travers la pièce. Il m’est pas passé de près celui-là. Les infirmières tenteent de hurler encore plus fort que les patients. Pour ce qui me concerne, ma jambe me lance puisque je n’ai plus de traitement pour mon nerf sciatique. Les médicaments, pour la plupart des patients sont donnés par voie intramusculaire, histoire que cela fasse plus vite effet. Pour chaque patient, ils faut au moins qu’un infirmier le tienne afin de lui faire la piqûre. Pour Jean-pierre, c’est plus compliqué : - j’en veux pas de tous vos trucs qui rendent marteau. Moi je vais bien, vous ne m’aurez pas. Il faut qu’il s’y mettent à quatre pour la piqûre. C’est mon tour. Je tends mon bras. Je demande ce que le liquide contient. Aucune réponse. Je me sens tout bizarre assez vite. Tous les patients n’ont pas de piqûre. Certains ont des comprimés. C’est le cas d’Albin, le petit gitan de 14 ans. Après avoir gueulé tout le long du repas qu’il n’avait pas assez mangé, il planque son médicament dans sa poche. Je me demande pourquoi. Les infirmières ne surveillent pas la prise des cachets. Je comprendrai mieux très vite. Une fois le repas terminé, tous les fumeurs filent dans la salle qui leur est réservée. Un petit jeune d’à peine dix-neuf ans est toujours en pyjama. Je lui demande pourquoi. - Je n’ai pas le droit de m’habiller. Je suis dans la zone des chambres confinées - C’est quoi ce truc-là - Et bien quand on estime que t’as fait un truc un peu trop grave, on te met avec les cas les plus graves. Certains n’ont même pas le droit de venir à table. On vient les servir. - Alors c’est ça les coups de points qu’on entendait à table - Ouais, y’en a un hyper-violent la dedans. J’ai dû me battre avec lui deux fois. Fais gaffe à ce que tu fais sinon tu iras droit. Me voilà averti. Mais le plus hallucinant reste à venir. Le petit gitan de quatorze ans prépare un joint avec ses comprimés. On me demande des feuilles que je donne sans rechigner. Je suis déjà pas mal ensuqué. Ils le préparent et se mettent à plusieurs pour le fumer dont Jean-pierre qui a tout de même quarante-six ans et qui délire avec un gamin de quatorze ans immature par dessus le marché. On m’en propose, je refuse. Je suis suffisamment ensuqué comme ça. Je me roule une clope et me cale dans mon coin. Je les observe. Ca commence à se disputer parce que l’un a tiré plus que l’autre. C’est reparti pour une séance de bataille à coups de bouteilles, mais cette fois-ci elles volent. L’une pleine de flotte atterrit à mes pieds. Je continue à faire comme si ne rien n’était. Pendant ce temps-là, les petits vieux continuent à tourner en rond en regardant leurs pieds. Je reçois un coup de fil. On me le transmet sur un téléphone qui est placé en face de la salle fumeur. Je n’entends rien et ma femme Astrid n’entend que les bagarres. Quel coup de fil ! Merci les infirmières. Astrid tente de me rappeler. Elle tombe sur une infirmière qui lui dit - Mais vous ne lui avez encore pas tout raconté à votre mari ? Ce n’est pas possible ça. Durant ce temps-là, un malade complètement à côté de la plaque vient se coller devant moi et reste stoïque. Mon agressivité reprend le dessus et je ne peux m’empêcher de lui envoyer à la tronche en me levant - Dégage de-là, putain, ou j’tends colle une ! Sur ce il s’en va vers d’autres personnes. Je me rends compte que malgré la piqûre, je deviens agressif à force de les fréquenter. J’attends en fumant clope sur clope que l’on nous appelle pour les médicaments du soir et l’autorisation de retourner à la chambre. Un peu d’intimité. C’est si rare dans ce pavillon où tout est fermé. Les infirmières nous appellent enfin. La queue est longue pour avoir la piqûre du soir. Je ne suis visiblement pas le seul à avoir envie de m’y planquer. J’ai ma piqûre. Je peux enfin monter. Je tombe sur le malade qui se trouvait devant moi durant mon appel téléphonique. Il est tranquillement allongé sur le lit. - C’est ma chambre ici, déclare-t-il dans un langage peu compréhensible. Éberlué, je vérifie si je ne me suis pas trompé de chambre. Non, c’est bien la dix-neuf. Les nerfs montent. - Tu dégages de là Ange, ou je te fous dehors à coups de pieds au cul - Mais c’est ma chambre - Non, ce n’est pas ta chambre, tu gicles ou c’est moi qui le fait. Il finit par partir en titubant. J’ouvre enfin la porte de mon placard, prends ma radio, la branche à côté de mon lit et me cale sur RT2, histoire de me calmer. Ange a fait se dissiper les effets de la piqûre. Vais-je dormir cette nuit ? Bonne question A Suivre..... Ps : la plupart des événements cités dans ce texte sont vrais.
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